Conte d'Hivernel 2024

Aller au dernier chapitre

Ce conte a été écrit par :

Myalesca

Chapitre 1

Dans l’obscurité glaciale de la nuit, une petite chatte noire nommée Zuzu avance lentement, ses pattes engourdies par le froid. Elle s’arrête un instant pour observer les grandes murailles illuminées de L'Arche du Lion, les lumières d’Hivernel projetant des reflets dorés sur les rues pavées. Zuzu n’a connu que l’indifférence et la méfiance des habitants, qui chuchotent que sa robe noire attire la malchance. Son ventre gronde, mais elle n’a rien trouvé à manger depuis des jours, chaque tentative chassée par des regards dédaigneux. Elle se réfugie près d’un mur, cherchant un abri contre le vent mordant, et rêve d’une nuit douce et chaleureuse. La petite chatte pense à ses frères et sœurs qu’elle a perdus en chassant un papillon, bien loin de la chaleur de sa fratrie. Ses souvenirs la réconfortent un peu, mais la réalité froide et solitaire la ramène vite à elle. Zuzu se relève, poussée par un dernier éclat d’espoir et la lueur des guirlandes scintillantes qui l’appellent à explorer plus loin.

Chapitre 2

Les fenêtres des maisons et des auberges brillent d’une douce lueur dorée, et Zuzu s’approche d’une d’entre elles, fascinée par les ombres qui se dessinent derrière les carreaux. Elle aperçoit des silhouettes rieuses, des enfants qui se pressent autour de grandes tables remplies de mets appétissants. Le parfum de poulet rôti flotte dans l’air, et Zuzu se sent soudain plus légère, presque transportée par cette atmosphère magique. Et cette odeur délicieuse. Elle imagine, pour un instant, être à l’intérieur, blottie sur un coussin moelleux, entourée de mains bienveillantes qui la caresseraient. Mais dès qu’elle s’approche trop près, une voix grondante retentit à l’intérieur, la forçant à s’éloigner précipitamment. Elle retourne à la froideur de la rue, un vide pesant dans le cœur. Pourtant, quelque chose au fond d’elle la pousse à continuer son exploration. Elle garde en mémoire les rires et les éclats de lumière, se promettant de trouver un endroit où elle serait la bienvenue.

Chapitre 3

Dans une ruelle étroite, Zuzu avance prudemment, évitant les ombres mouvantes et les bruits étranges. Elle aperçoit des passants pressés, les bras chargés de cadeaux et les visages cachés sous des écharpes colorées, mais aucun ne lui prête attention. Alors qu’elle traverse l’une des nombreuses allées marchandes, un cri perçant retentit : « Un chat noir ! Malheur ! » Le cœur de Zuzu se serre de peur et de tristesse ; elle comprend que son pelage sombre fait d’elle une paria aux yeux des superstitieux. Elle recule dans une alcôve pour se cacher, tandis que l’homme s’éloigne en la toisant avec mépris. Recroquevillée, elle observe de loin les joyeux passants avec ses petits yeux dorés et se demande si elle trouvera un jour quelqu’un qui verra en elle autre chose qu’une créature de mauvais augure. Malgré tout, Zuzu refuse de se laisser abattre. Elle respire profondément, rassemblant son courage pour continuer son chemin vers une chaleur qu’elle espère enfin trouver.

Chapitre 4

Les rues de l’Arche du Lion s’illuminent de mille couleurs, décorées de guirlandes scintillantes et de lanternes en forme d’étoiles pour les festivités d’Hivernel. Zuzu avance prudemment parmi la foule, fascinée par l’effervescence qui règne tout autour d’elle. Des passants de toute race rient, s’interpellent, et de la musique joyeuse s’élève dans les airs, remplissant l’atmosphère de magie et de chaleur. De jeunes enfants, les yeux brillants d’émerveillement, pointent les décorations suspendues aux façades des bâtiments. Des chariots de friandises débordent de sucreries colorées, répandant des parfums enivrants de cannelle et de chocolat chaud. Zuzu, cachée dans l’ombre d’un mur, observe ce monde féérique en silence, l’envie de se mêler à la foule remplissant son petit cœur. Pourtant, elle sait qu’elle est perçue comme un mauvais présage, et elle se tient à distance, invisible parmi les ombres. Elle ose espérer, l’espace d’un instant, qu’une part de cette magie pourrait lui être destinée. Mais le froid et la faim pèsent sur son petit corps, et elle reste blottie dans cette petite alcôve, encore à l’abri du vent et des pieds pressés de la foule.

Chapitre 5

Après un moment de repos, Zuzu relève la tête et se décide à poursuivre sa quête, sentant que renoncer signifierait sombrer dans le froid pour toujours. Elle quitte son abri et avance dans les rues bordées de guirlandes lumineuses et de flocons de neige qui tourbillonnent délicatement autour d’elle. Elle aperçoit une petite colonie d'êtres ailés colorés papillonner dans les airs, et l’espace d’un instant, elle retrouve la curiosité de son enfance, celle qui l’a amenée à se perdre. Ce souvenir, bien que douloureux, ravive en elle un désir profond de retrouver un foyer et un triste miaulement s’échappe de sa gueule. Chaque lumière scintillante et chaque éclat de rire résonnent en elle comme une promesse d’un bonheur possible. Zuzu pose une patte après l’autre sur le sol lentement recouvert par une légère couche de neige, déterminée, laissant des traces de ses coussinets dans son sillage. Peut-être qu’en avançant, elle trouvera non seulement un abri, mais aussi un regard bienveillant qui, pour une fois, ne la verra pas comme un mauvais présage.

Chapitre 6

La brise glaciale de l’hiver souffle à travers les ruelles de l’Arche du Lion, et Zuzu frissonne en sentant le froid pénétrer son pelage sombre. Ses pattes engourdies par la fatigue et le froid se font lourdes, et elle lutte pour continuer à avancer. Les joyeux éclats de rire qui l’entourent semblent lointains, alors que ses paupières s’alourdissent. Elle s’arrête un instant pour reprendre son souffle, mais chaque nouvelle rafale de vent le lui coupe. La petite chatte ressent soudain toute la solitude et la dureté de la saison de Grenth, le contraste avec la chaleur qui règne autour d’elle, accentuant son désarroi. Elle pense un instant à trouver un autre abri, mais son estomac gronde de plus en plus fort, et l’urgence de trouver un peu de nourriture la pousse à continuer. Chaque pas lui semble une montagne à gravir, mais elle se promet de ne pas abandonner, même si son corps lutte contre le froid. Zuzu ferme les yeux un instant, cherchant la force de continuer.

Chapitre 7

Alors qu’elle erre, épuisée, Zuzu aperçoit soudain de petites étincelles dorées qui dansent dans l’air. Fascinée, elle se rapproche lentement, espérant y trouver un peu de chaleur pour réchauffer ses pattes engourdies. Les étincelles proviennent d'une lanterne magique suspendue près d'un stand, projetant des rayons lumineux sur les pavés glacés et faisant scintiller les flocons de neige qui tombent du ciel. La lumière douce et dorée réchauffe légèrement l’air autour, et Zuzu s’approche avec précaution, attirée par cette lueur bienveillante. Se roulant en une boule de poil noire, elle savoure ce rare moment de réconfort au milieu de la froideur de la nuit. La douce chaleur semble effacer un instant ses peines, et elle ferme les yeux, laissant l’illusion de sécurité l’envelopper. Dans cette lumière, elle se sent presque protégée, comme si le destin lui accordait une trêve, un peu de paix. Les passants continuent de marcher dans la rue sans la remarquer, mais elle ne s’en soucie pas, trouvant un précieux repos dans cette parenthèse lumineuse. Le cœur un peu plus léger, cet instant éphémère renforce son désir de trouver un véritable abri.

Chapitre 8

Alors qu’elle s’apprête à quitter la douce chaleur de la lanterne, Zuzu remarque une petite échoppe où un enfant s’arrête, les bras chargés de cadeaux d’Hivernel. L’enfant aperçoit Zuzu et, après un regard curieux, lui tend un petit morceau de sa brioche, un geste de pure bonté. La petite chatte hésite, surprise par cette attention, mais finit par accepter le cadeau en le croquant délicatement. Elle savoure chaque miette de ce repas inattendu, son ventre reconnaissant de cette offrande minuscule mais précieuse. Toutefois, le propriétaire de l’échoppe la remarque et, d’un geste brusque, chasse Zuzu en criant le mauvais augure. La petite chatte s’éloigne rapidement, le cœur battant, mais garde en mémoire ce geste d’espoir, aussi fugace soit-il. Bien que le moment ait été bref, ce cadeau lui a redonné un peu de force et de courage pour poursuivre sa quête. Elle s’éloigne, le regard tourné vers l’enfant qui lui a montré qu’un brin de compassion peut changer toute une nuit, mais qui semble déjà l’avoir oublié.

Chapitre 9

En continuant de traverser les rues de la capitale, Zuzu entend soudain des murmures portés par le vent. Ses petites oreilles noires frémissent pour capter les bruits ambiants. C’est comme si la ville elle-même murmurait des encouragements doux et bienveillants, lui chuchotant de continuer. Des rires joyeux se mélangent aux murmures, comme des échos d’anciennes histoires partagées au fil du temps. Elle avance, ses oreilles attentives à chaque son qui l’entoure, ressentant une étrange connexion avec les lieux. Parfois, une voix semble lui murmurer un chemin à suivre, ou lui offrir des mots de réconfort, comme si la Tyrie veillait discrètement sur elle. Zuzu, intriguée et apaisée, se sent étrangement moins seule. Ce lien invisible avec la ville lui donne un courage renouvelé pour continuer sa route. Le froid mordant paraît moins intense, et elle se sent presque enveloppée par une présence rassurante. Avec un petit miaulement, elle remercie cette mystérieuse voix et poursuit son chemin.

Chapitre 10

Alors qu'elle explore le quartier ouest, Zuzu aperçoit un petit objet coloré posé au sol. Intriguée, elle s'approche prudemment et découvre un jouet en bois abandonné : une petite hydre jaune aux trois têtes, finement sculptée. Ses yeux brillent de curiosité, et elle hésite avant de poser délicatement une patte sur le jouet. En touchant le jouet de sa patte, une vague de souvenirs douloureux la submerge. Elle se rappelle sa famille perdue, la sensation de chaleur qui lui manque tant et le vide laissé par leur absence. Les passants, absorbés par les festivités, continuent de l'ignorer, comme si ce petit chat noir n'existait pas. Pour Zuzu, le jouet n'est pas un symbole de gentillesse, mais un rappel de son isolement, de ce qu'elle a perdu en courant après un papillon. Elle frotte doucement son visage contre l'hydre, cherchant un réconfort qu'elle ne trouve pas tout à fait. Prenant le jouet entre ses crocs, elle décide tout de même de le garder précieusement, comme un fragile lien avec ce qu'elle a laissé derrière elle, et elle poursuit son exploration de la ville, un poids plus lourd sur son cœur.

Chapitre 11

Laissant d'innombrables petites traces de pattes dans la neige, Zuzu croise un asura au costume extravagant, orné de clochettes qui tintent à chacun de ses mouvements. Cet asura, aux énormes yeux verts, qui semble fêtard et joyeux, aperçoit Zuzu avec son petit jouet tenu entre ses crocs. Intrigué par cette petite chatte au regard triste, il s'accroupit pour mieux l'observer, un sourire amusé aux lèvres. Après un instant, il fouille dans un sac attaché à un grand dolyak chargé de paquets et de sacs de toutes les couleurs, et en retire une petite friandise en forme de poisson, qu'il tend à Zuzu. Méfiante d'abord, elle s'approche prudemment, puis accepte ce cadeau avec reconnaissance, savourant chaque bouchée. L'asura observe la scène, touché par la fragilité de cette petite créature. « Tu es une petite guerrière, toi aussi », murmure-t-il avec douceur. Zuzu, le ventre un peu rempli, ronronne discrètement en signe de remerciement.

Chapitre 12

L’asura, avec un sourire bienveillant, lui fait signe de s’approcher du feu qui crépite près de son stand. Zuzu, hésitante, s’approche doucement et ressent la chaleur enveloppante qui la fait frémir de bonheur. Elle se roule en boule à proximité, les yeux mi-clos, se laissant envahir par cette chaleur bienfaisante. L’asura, attendri, veille sur elle en silence, observant le repos de ce petit chat solitaire. Quelques passants passent près d’elle sans y prêter attention, occupés par la frénésie des festivités, ou glissant des remarques moqueuses à propos de son pelage noir, signe de malheur. Zuzu, pourtant, ne les remarque pas ; elle est plongée dans la douceur du moment, absorbée par la chaleur du feu. Peu à peu, elle s’endort en s’enroulant autour de son jouet, trouvant une sorte de confort dans cette étreinte silencieuse. Cet instant de chaleur semble être un souvenir lointain, d’un temps où elle avait une famille pour la protéger.

Chapitre 13

Lorsqu’elle ouvre les yeux, l'Asura aux grands yeux verts et son dolyak ont disparu, et sa seule compagne est l’hydre, paisiblement allongée à ses côtés. La chaleur du feu n’était plus qu’un vague souvenir. Zuzu se redresse, les muscles endoloris, et reprend sa marche à travers la ville illuminée de l’Arche du Lion. Entre ses crocs, elle tient fièrement la petite figurine jaune, un léger réconfort dans son cœur fatigué. Bien que l’épuisement l’étreigne, l’éclat des décorations, les chants d’Hivernel et le bruit des festivités autour d’elle l’empêchent de sombrer complètement dans la tristesse. Le vent glacial, quant à lui, lui rappelle qu’elle ne peut pas rester immobile trop longtemps. Cherchant un abri pour la nuit, elle se faufile entre les étals, ses pattes endolories par le froid mordant. Chaque lumière vacillante des guirlandes semble danser dans ses yeux dorés fatigués, la berçant presque comme un doux songe. Les mélodies des Sonneurs de cloches ambulants résonnent autour d’elle, apportant un peu de magie à l’atmosphère. Soudain, une bourrasque glacée balaye son pelage, et la petite chatte noire, prise de panique, s’enfuit dans une ruelle étroite pour se protéger du vent impitoyable.

Chapitre 14

Errant dans les ruelles plus sombres de l’Arche du Lion, Zuzu aperçoit une grande boîte en bois laissée près d’une boutique fermée. Tremblante de froid, elle décide d’y entrer, espérant échapper au vent mordant. La boîte est remplie de vieux tissus aux parfums mêlés de cannelle, de pin et de sucreries, vestiges des festivités. Zuzu s’y enfonce, entourée d’une chaleur relative qui apaise son corps fatigué. Ses paupières se ferment doucement tandis qu’elle se blottit contre le jouet en forme d’hydre jaune qu’elle tient encore précieusement. Dans ce refuge de fortune, elle trouve un semblant de paix, son esprit vagabondant entre rêves et souvenirs. Le bruit lointain des cloches d’Hivernel semble chanter une berceuse pour elle. Zuzu ronronne légèrement, se sentant presque protégée. Ce moment de calme est rare et précieux pour un petit chat errant comme elle. Mais alors qu’elle commence à s'endormir, un tintement la fait sursauter. Une boule de décoration rouge, emportée par le vent, atterrit près de sa patte. Les instincts de chasse de Zuzu s’éveillent en un éclair. Ses yeux s'agrandissent, et elle se précipite sur la boule, la frappant de ses pattes agiles. Elle la fait rouler, la pousse dans tous les sens, son esprit emporté par l’excitation du jeu. Mais bientôt, la fatigue reprend le dessus, et elle laisse échapper un dernier bâillement avant de se réinstaller dans la boîte. Elle s'enroule autour de son précieux jouet, se repliant sur elle-même, prête à s'endormir dans ce cocon de chaleur fragile.

Chapitre 15

Alors que Zuzu dort, son petit corps spasme sous les effets d'un rêve. Elle rêve d’un temps où elle était encore un petit chaton, blottie avec ses frères et sœurs contre le ventre chaud de sa mère, un amas de poils aux teintes variées. Elle rêve des batailles de coups de pattes avec sa fratrie, d’escalade le long des écorces des arbres. Elle se souvient aussi de l’attente silencieuse au bord de la rivière, guettant qu’un poisson se laisse piéger sur le banc de sable. Puis, un papillon soudain traverse l’air près d’elle. Fixée sur ses mouvements frénétiques, Zuzu se lance à sa poursuite, sautillant pour l’attraper, ses yeux brillants de l’espoir d’une proie facile. Mais au moment où elle se retourne, elle réalise qu’elle est seule. Le petit chaton noir, qui semblait entouré de toute sa famille, se retrouve soudainement isolé. Elle miaule, appelant ses frères et sœurs, mais aucun son ne lui répond. Seule dans l’immensité de l’ombre, son cœur se serre de solitude.

Chapitre 16

Alors que Zuzu miaule doucement dans son sommeil, son cri de détresse attire l’attention d’une sylvari aux pétales de couleur cerisier, qui passe non loin. Intriguée, la sylvari s’arrête et observe le petit chat noir blotti dans la boîte. Après un instant, elle disparaît dans une maison voisine, laissant Zuzu plongée dans ses rêves agités. Quelques instants plus tard, elle revient, portant un objet à la main. La sylvari s’agenouille doucement près de la boîte et réveille Zuzu d’une voix douce. Éveillée en sursaut, la petite chatte est d’abord effrayée en apercevant la silhouette haute et lumineuse. Elle recule, méfiante, mais l’hydre jaune roule hors de la boîte, attirant l’attention de la sylvari. Avec un geste délicat, celle-ci ramasse le jouet et le tend de nouveau à Zuzu, un sourire bienveillant éclairant ses traits et un éclat de compréhension brillant dans ses yeux. « Tu as l’air de porter beaucoup de courage dans ce petit cœur », murmure-t-elle avec douceur, tout en déposant une petite assiette de lait chaud près de la boîte. La chaleur du lait fumant monte en volutes, et les yeux de Zuzu s’illuminent. Hésitante, puis rassurée, elle s’approche et accepte ce cadeau avec reconnaissance, lapant le lait chaud qui réchauffe son estomac. Le rêve d’abandon s’estompe momentanément, remplacé par cette douce trêve et la chaleur réconfortante de l’instant.

Chapitre 17

Zuzu savoure chaque goutte de lait chaud, chaque bouchée comme si c’était un festin royal. La sylvari observe la petite chatte avec des yeux emplis de douceur. « J’espère que la chaleur de cette nuit te portera chance, petite amie », murmure-t-elle avant de se relever gracieusement. Zuzu la regarde s’éloigner, le tissu étoilé de sa robe duveteuse remue légèrement au rythme de ses pas. L’envie de courir après la sylvari lui traverse l’esprit, de ne pas rester seule, mais son bol de lait n’est pas encore vide et la faim qui ronge son estomac l’empêche de bouger. Elle lape le lait avec ferveur, sentant la chaleur la réconforter, bien qu'elle ne comble pas entièrement le vide de solitude qu’elle porte en elle. Une fois le bol terminé, Zuzu retourne dans sa boîte de fortune, le cœur lourd mais empreint de gratitude. Elle s’enroule autour de la statuette de l’hydre jaune, son précieux compagnon, cherchant un semblant de réconfort. Tandis que le froid de la nuit s’insinue doucement, elle ferme les yeux, espérant qu’un jour, ce sentiment de solitude sera remplacé par la chaleur d’un foyer véritable.

Chapitre 18

Alors que la nuit avance, les festivités de Hivernel atteignent leur apogée à l’Arche du Lion. Des feux d'artifice éclatent soudainement dans le ciel, illuminant la ville de couleurs vives et de tonnerres assourdissants. Pour Zuzu, ce spectacle n'a rien de magique ; c'est une tempête de bruits et de lumières terrifiante. Le premier grondement lui fait hérisser le poil, elle feule de terreur et elle bondit instinctivement pour se cacher sous un étal de marché. Dans sa panique, elle lâche son hydre jaune, qui glisse hors de vue. Les explosions se succèdent, faisant trembler le sol sous ses pattes. Terrifiée, Zuzu se faufile plus loin, tentant de s'abriter de ce vacarme qui semble l'encercler de toutes parts. Sa respiration est haletante et son cœur bat à tout rompre. Personne ne semble se soucier d’un pauvre petit chat noir dont le regard doré, écarquillé, reflète des explosions de couleurs.

Chapitre 19

Lorsque le vacarme du feu d’artifice s’achève, la peur continue de serrer Zuzu dans ses griffes glaciales. Tremblante, elle met un moment à réaliser que l’hydre jaune n’est plus là. Son cœur se fige, et un miaulement déchirant s’échappe de sa gorge. Mais chaque bruit, chaque mouvement à l’Arche du Lion l’effraie encore. Elle se roule en boule au pied d’un lampadaire, ses yeux scrutant désespérément les alentours, tandis que ses miaulements se perdent dans l’agitation indifférente. La neige fondue imprègne son pelage, accentuant la morsure du froid qui la traverse. Animée par l’urgence, Zuzu se glisse hors de son refuge, ses pattes tremblantes mais résolues. Elle doit retrouver son hydre jaune, ce jouet qui représentait son unique réconfort. Elle se faufile entre les passants, les bruits de la ville se mêlant en une cacophonie assourdissante. Prise de panique, elle continue de miauler, un appel vain que personne ne semble entendre. Le souvenir d’une enfance perdue refait surface, celui d’un papillon poursuivi et d’une famille égarée. La même sensation de perte l’accable, rendant chaque mouvement plus douloureux et chaque battement de cœur plus lourd.

Chapitre 20

Zuzu erre dans la ville, chaque pas lui semblant plus lourd que le précédent, alors que le temps s'étire et que la nuit recouvre l’Arche du Lion d’un manteau d’obscurité glaciale. Les passants se font rares ; les étals et les boutiques sont clos, ne laissant que quelques maisons encore éclairées de l’intérieur. La lumière vacillante à travers les fenêtres dégage une chaleur distante et inatteignable. Enfin, elle atteint la grande place centrale de l’Arche du Lion, où trône un géant sapin décoré, dernier bastion d’illumination au cœur de la nuit. Zuzu avance, ses yeux fatigués scrutant chaque recoin, chaque branche du grand arbre, à la recherche de son compagnon silencieux. Elle ne le trouve pas, et son estomac vide gronde. La faim, la soif, le froid… tout s’accumule, pesant sur son petit corps affaibli. Elle lève la tête, et son souffle se coupe en voyant une forme jaune accrochée à l'une des branches du sapin. Elle croit y apercevoir son hydre bien-aimée. Rassemblant ses dernières forces, Zuzu s’approche du tronc, ses pattes tremblantes sur le sol gelé. Elle bondit, tentant de s’agripper à une branche, mais son saut manque de puissance. Ses griffes effleurent l’écorce avant de glisser, et elle retombe lourdement sur le flanc. La douleur se propage, mêlée à l’épuisement, et une faible plainte s’échappe de sa gueule. Les larmes se mêlent à la neige fondue sur son pelage. Elle ferme doucement les yeux, le monde devenant un voile flou et distant. L’envie de sommeil l’enveloppe, promettant un bref répit dans l’immensité glaciale de la nuit.

Chapitre 21

Le petit corps de Zuzu tremble, et le givre s'accroche au bout de ses poils, les teintant d'un gris argenté. Elle ne se réveille pas, son souffle léger à peine perceptible. Son esprit s'égare, loin de la dure réalité, s'abandonnant à une profonde solitude glaciale. Le froid mordant a figé son corps, mais son esprit erre dans des rêves brumeux, déconnecté du monde. Elle ne sent ni le contact ni la chaleur lorsque des mains douces et chaudes la soulèvent. « Pauvre petite créature », murmure une voix douce, empreinte de tristesse et de compassion. Si Zuzu avait été consciente, elle l'aurait reconnue. Mais son esprit est ailleurs, plongé dans un abîme de silence. L’asura aux grands yeux verts, qui venait de terminer sa tournée, s’apprêtait à regagner sa ville natale avec son dolyak. En apercevant cette petite boule de poils gelée, son cœur se serra de tristesse. Abandonnant pour un temps son voyage, il s’approcha d’un feu qui crépitait encore, l’un des rares à illuminer et réchauffer les recoins de la capitale endormie. Il donna un ordre bref à son dolyak, qui se coucha, offrant ainsi la chaleur de son grand corps. Avec une délicatesse infinie, l’asura déposa Zuzu près du pelage chaud, sa main caressant doucement le petit chat, presque par instinct. Fouillant dans l’un des rares sacs encore attachés à son dolyak, il en sortit quelques objets, dont une petite couverture. Il recouvrit soigneusement le chaton, l’entourant d’une chaleur nouvelle. Puis, il s’assit à son tour, tendant les mains vers le feu pour les réchauffer, et il attendit en silence, veillant sur la petite âme égarée.

Chapitre 22

Les bruits autour d'elle font frémir les oreilles de Zuzu, mais elle est trop faible pour y répondre pleinement. Pourtant, l'obscurité commence à se dissiper. Lentement, elle ouvre ses petits yeux dorés, embués de fatigue et de confusion. « Oh, elle semble se réveiller », dit une voix féminine, douce mais empreinte de soulagement. « Je savais qu'elle était une battante », répondit calmement la voix de l'asura. « Maintenant, je suis rassuré de savoir qu'elle est entre de bonnes mains. » Zuzu observe l'asura se pencher vers elle, sa main réchauffant doucement sa tête encore froide. Il dépose près d'elle une forme jaune familière — son hydre, précieusement retrouvée. « Je crois que ceci t'appartient, petite guerrière », murmura-t-il avant de se relever. Sans attendre, il s'en alla, laissant derrière lui une promesse de chaleur et de réconfort. Zuzu miaule, un faible remerciement, mais il est déjà parti, chassant l’aube arrivant. Elle reste là, seule avec son hydre retrouvée, et la femme aux longs cheveux noirs ondulés qui l'observe avec une bienveillance infinie. « Tiens, mange », dit-elle doucement, déposant avec soin un petit bol de thon devant Zuzu. L'odeur appétissante envahit l'air, éveillant une faim désespérée. Avec difficulté, Zuzu se redresse, son corps tremblant sous l'effort, et se jette sur la nourriture, affamée. « Holà, doucement. N'oublie pas de mâcher », ria la femme avec un sourire attendri. Mais Zuzu n'écoute pas, absorbée par sa faim, dévorant chaque bouchée comme si c'était la première qu'elle goûtait depuis des jours.

Chapitre 23

L'Arche du Lion s'éveille peu à peu, ses rues reprenant vie, remplies de silhouettes mouvantes et de murmures qui brisent le silence de la nuit. Mais Zuzu reste figée, son regard fixé sur la forme humaine à ses côtés. La femme aux longs cheveux noirs s'approche doucement et tend la main. « Je peux ? » demande-t-elle d'une voix douce. Zuzu ne bouge pas, les yeux grands ouverts, mais ne montre aucun signe de rejet. La femme pose alors tendrement sa main sur la petite tête du chaton et commence à la gratouiller doucement. Un ronronnement monte de la gorge de Zuzu, apaisant les battements affolés de son cœur. Un instant plus tard, Zuzu se retrouve avec un foulard jaune brodé délicatement attaché autour de son cou. « Il correspond à la couleur de tes yeux », murmure la femme avec tendresse, un sourire ému aux lèvres. « Je m'appelle Zoé. Moi aussi... je n'ai plus de famille. » Son regard brun s'assombrit un instant, comme traversé par une ombre de tristesse, avant qu'il ne se remplisse à nouveau de douceur. Sans hésiter, elle prend délicatement Zuzu dans ses bras, la serrant contre elle. « Tu veux devenir ma famille ? » La chaleur de l'étreinte et la proximité éveillent en Zuzu un sentiment qu'elle cherchait depuis si longtemps. Elle ronronne, son petit corps noir se réchauffant enfin, enveloppé par la tendresse. « Miaou~ » Zoé rit, un éclat de bonheur dans la voix. «J'ai l'impression que tu comprends tout ce que je dis ! »

Illustration du chapitre 24

Chapitre 24

La femme aux cheveux noirs se penche et ramasse l'hydre jaune. « Toutes les trois, nous rentrons à la maison ! », s'exclame-t-elle avec une douceur teintée de joie. Zuzu serre la petite statuette dans ses pattes, symbole d’un nouveau départ. Pour elle, c’est le début d’une vie qu’elle n’osait plus espérer. L’aube enveloppe doucement l'Arche du Lion, et une nouvelle chaleur éclaire le cœur de la petite chatte. Blottie contre sa nouvelle maîtresse, elle entend les cloches de Hivernel résonner, portées par le vent. Chaque tintement semble lui promettre que les jours à venir seront meilleurs. L’hydre jaune repose près de son cœur, symbole du courage et de l’espoir qui l’ont guidée jusqu’ici. Pourtant, sentant qu’elle a enfin trouvé une famille, Zuzu prend l'hydre entre ses crocs. Poussée par une impulsion soudaine, elle saute des bras de Zoé, qui la regarde avec surprise. Zuzu trotte vers un enfant debout non loin, fasciné par les décorations de l'énorme sapin au centre de la place. Avec douceur, elle dépose l’hydre jaune à ses pieds, lui offrant ce précieux jouet comme pour transmettre un peu de l’espoir qu’elle a retrouvé. L’enfant ramasse l’hydre, un sourire éblouissant illuminant son visage. Zuzu retourne ensuite auprès de sa nouvelle maîtresse, qui la serre tendrement, touchée par la profondeur de son geste. La chaleur du soleil d'un nouveau jour se lève sur l'Arche du Lion enneigée, et Zuzu, enfin, se sent chez elle.

Ce conte a été écrit par :

Myalesca